"Les sciences, dont chacune tend dans une direction particulière, ne nous ont pas fait trop de mal jusqu'à présent ; mais un jour viendra où la synthèse de ces connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité et la place effroyable que nous y occupons ; alors cette révélation nous rendra fous, à moins que nous ne fuyions cette clarté funeste pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d'un nouvel âge de ténèbres." HP LOVECRAFT - Le mythe de Cthulhu
Préface
Je partage cette nouvelle écrite pendant l'été 2023, inspirée par un exercice audio de Christophe PENCHENAT lors de ma formation de l'avenir en court chez D.E.F.I Production.
Ce récit est bien entendu très inspiré de l'œuvre de LOVECRAFT en général mais aussi de ma lecture du Problème à trois corps de Liu CIXIN. J'ai nourri depuis une fascination pour ce récit qui met en place un conflit entre humain et extraterrestre d'une manière complètement inédite pour moi. Une guerre froide mélangée à une course contre la montre. Les "Trisolariens" arrivent dans 150 ans pour coloniser notre planète. Comment l'humanité peut se préparer à cette invasion prochaine. La réponse : Percer les secrets de la matière avec des accélérateurs de particules pour produire de nouvelles technologies capables de lutter contre l'ennemi. Le "Hic", les extraterrestres ont implanté un micro-ordinateur quantique sur notre planète, sabotant alors toutes avancés technologiques. Ma question est donc la suivante, qu'est ce que nous allons découvrir une fois la matière divisé en sa plus petite particule élémentaire ? Le CERN étudie actuellement le projet d'un nouveau collisionneur circulaire à particule. Le plus grand jamais construit par l'espèce humaine. 90km de circonférence. Le FCC de son petit nom devrait être opérationnel pour les premiers test aux environs de 2040 et si tout se passe bien, à la décennie 2070, ce petit bijou de l'intelligence humaine pourra libérer son plein potentiel.
JERICHO
Josué est installé au siège conducteur de sa Tesla S. Nerveux, il épluche des papiers de demande de divorce. La chaleur est étouffante dans l'habitacle. Des gouttes de sueurs tombent sur le document, laissant de petites alvéole humide sur la rubrique : identité du demandeur. La case madame est cochée au stylo noir. La voiture se trouve au milieu d'un gigantesque parking bondé de véhicules en tout genre. Le seul endroit de répit face au soleil de plomb se trouve être les longilignes ombres projetées des lampadaire en inox brulant. Josué laisse le document sur le tableau de bord et attrape son portefeuille. La moiteur de ses mains fait couiner le cuir. Il sort une photo, son fils. Il la regarde un moment, sa gorge se sert un peu. Il la range, sort rapidement une carte qu'il attache à une sangle qu'il passe autour de son cou.
- CERN / JOSUE GRAHAM / LEAD DIRECTOR -
Josué sort de la voiture et se dirige vers l'énorme bâtiment couleur étain au bout du parking, marqué du logo CERN. La chaleur est si étouffante qu'il a l'impression de traverser le désert. Nous sommes en juin, il fait autour des 40°C.
Josué exprime une délivrance certaine en entrant dans le complexe. La climatisation frappe son visage de ses 22°C. Son corps tremblote légèrement et ses poils de ses bras s'hérissent. Il ne s'agît pas seulement du changement de température qui le fait réagir mais plutôt l'importance historique de cette journée. Aujourd'hui, en tant que directeur principal du projet d'activation du nouveau collisionneur circulaire à particule nommé FCC, Josué va lancer un test de grande envergure. Objectif : percer les derniers secret du champ de Higgs et pour la première fois depuis 50 ans, remettre en question la légitimité du modèle standard de la physique atomique. Il a donné un petit nom à ce test : JERICHO.
Josué traverse le hall, passe le portique de sécurité en bipant son badge, traverse plusieurs couloir, salue plusieurs collègues et arrive finalement dans le vestiaire. Il change de chemise, attrape une blouse et pose ses effets personnels. En fermant le casier, il pose sa tête contre la porte froide et métallique de manière presque méditative. Un cocktail de sensations est en train de lui retourner le ventre. Le poids qui pèse sur ses épaules, sa réputation et le destin incertain de sa vie familiale ne l'aide pas à garder son calme.
Josué entre dans la salle de contrôle, une armé de techniciens et de laborantins sont à l'œuvre sur diverses machines. Comme dans une fourmilière, chacun à sa place et sait ce qu'il doit faire. L'opération a été répété pendant des semaines, des mois. Rien n'est laissé au hasard. Au fond de la salle se trouve une vitre, épaisse, lourde, imposante qui sépare l'équipe du conduit de l'accélérateur. La collision aura lieu juste derrière. Des décennies de développement, des années de préparation et de test pour cette instant où deux protons vont se fracasser entre eux à une vitesse inimaginable pour le cerveau humain.
Josué active l'interphone des communications.
"A toutes les équipes, début du test, lancement de JERICHO"
Les lumières clignotent, les techniciens courent dans tout les sens. Soudain, le complexe passe en mode veille. Les lumières blanches et cliniques de la salle se transforment en un rouge tamisé inquiétant. Cette procédure est nécessaire. L'activation du collisionneur demande une énergie phénoménale. Il n'y a pas de petites économies.
Quelqu'un répond à Josué dans l'intercom.
"JERICHO prêt au lancement, c'est quand vous voulez Graham"
Josué lève sa main vers le bouton d'activation, celui qui va propulser l'humanité dans une nouvelle ère de découvertes technologique. Il se rend compte à ce moment précis de la puissance qu'il a au bout de son doigt. Il va déchainer des forces que nos ancêtres peignant dans leur grottes ne pourraient même pas concevoir. Tout le travail scientifique, la puissance de l'univers dans le creux de sa main. Il appui sur le bouton. Une alarme résonne. C'est la procédure, dans le cas où un technicien se trouverait encore dans le tunnel contenant le tube du collisionneur. Quelques minutes passent puis une voix synthétique prend la parole dans les haut-parleurs de la salle.
"Activation de JERICHO, impact t - 1 minute."
Les murs de la salles commencent à vrombirent, les lumière vacillent, des bips électroniques de toutes parts. Un grondement commence à se faire entendre. A 50km de là, deux protons commencent leur course effrénée. Propulsés avec une force inimaginable, accélérant sans arrêt, encore et encore. Bientôt proche de la vitesse de la lumière.
"Impact t - 20 secondes" annonce la voix.
Par reflexe des scientifiques se cachent sous les bureaux, leur corp criant de se mettre à couvert. C'est comme si, profondément dans leur cerveau, une voix les incitait à courir, fuir, partir en hurlant. Tel Oppenheimer devant l'essaie de Trinity, des chercheurs enfilent des lunettes et regardent intensément à travers la vitre comme pour voir l'impact. Ils espèrent un flash de lumière ou tout autre signe leur indiquant que maintenant l'humanité est Dieu sur cette terre et que plus rien ne pourra l'arrêter. En outre, la zone d'impact est protégé par un renforcement spécial, lui même rempli de capteurs, eux même protégés par l'énorme tube en métal qui contient le collisionneur. Peu importe ce qu'il se passe à l'intérieur, cela ne sera traduit que par des chiffres et des données.
"Impact t - 5 secondes"
La pièce tremble de plus en plus, Josué s'accroche à son bureau pour ne pas tomber. Des dossiers tombent par terre, des lumières se détachent du plafond. Le grondement de la machine devient assourdissant. Josué est en sueur. Il a l'impression qu'un immeuble va s'effondrer sur lui ou qu'il va être désintégré à l'impact.
Et d'un coup, plus rien, un silence.
"Impact imminant" vient perturber cette instant de calme.
Le corps de Josué se met à frémir alors qu'il voit le tube du collisionneur gonfler de l'intérieur. L'instant d'après une explosion. La vitre le salle explose, des morceaux de verre balaient tout sur leur passage comme une vague de millions de petites balles lancées à la vitesse du son. La salle se rempli de fumée.
Josué, caché sous son bureau est sonné. Sa vision est troublée par l'épaisse fumée qui a envahit la pièce. Par reflexe, il se protège le visage avec sa blouse.
"Système anti-incendie activé !" hurle un technicien quelque part dans la pièce.
La fumée noire est aspirée par les conduits d'aération situés au plafond. Josué retrouve progressivement la vue mais son ouï est toujours endommagé. Il n'entend qu'un sifflement stridant faisant vibrer ses tympans.
Il parvient à se relever et constate les dégâts. La scène est apocalyptique. Des chercheurs sont blessés au sol, transpercés par des bouts de verre. Certains sont surement déjà mort. Malgré, cette catastrophe, la pièce reste relativement silencieuse. Le son désagréable du système d'aération parait presque rassurant dans cette situation de choc. Josué jette un autre coup d'œil autour de lui. Des appareils et ordinateurs ont explosé sous la force de l'onde de choc. Certains collègues sont inconscient autour de lui.
Son inspection est interrompu par un hurlement. Une femme, elle cri d'une force inouïe. Alors que la fumée qui couvrait la vitre est enfin aspiré dans les conduit, l'horreur traversa les yeux puis le cerveau de Josué. A travers les restes de fumée se distingue une forme. Il y a quelque chose dans le tunnel. L'ombre de la chose est telle que la pièce est presque intégralement plongée dans le noir. Seules quelques lampes encore fonctionnelles donnent un aperçu de l'environnement.
C'est à cette instant que Josué et tout les membres du projet JERICHO encore conscient comprirent. Le chaos qui s'en suit paraît encore aujourd'hui indescriptible. Des hurlements de toutes parts, des pleurs. Josué pu apercevoir la tête d'un de ses collègues imploser à la vision de cette horreur. Puis une autre tête et encore une autre. Des gerbes de sang vinrent pâtisser les murs blancs de la salle. Quelque chose attrapa une chercheuse. Ce n'était ni un bras ni un tentacule mais un ama organique et hideux de chair suintante et purulente couvert d'yeux et d'autres appendices dégoutantes. Josué se cacha à nouveau sous son bureau, recroquevillé sur lui même en pleurs, tremblant de tout son être. Il se mit à rire de manière incontrôlable. Puis, il y eu le gargouillement de la créature. Un son dégoulinant et métallique qui perça immédiatement les tympans de Josué. Un autre vacarme et... plus.
Josué rampa à travers les décombres du complexe. Cherchant désespérément un rayon de lumière, il se faufila à travers des gravats. Ses ongles raclant le béton armé maintenant réduit à l'état de roche des sables. Au bout d'un douloureux périple à travers cet océan de ciment, il sentit la chaleur. La chaleur qu'il a fuit il y a moins d'une heure. Cette chaleur réconfortante de la surface lui donna la force de continuer. Il sorti finalement des restes du bâtiment. Le soleil l'ébloui et lui sembla bruler sa peau comme un laser mortel. Il se leva, retrouva sa vision et pu être témoin du spectacle. La créature gigantesque et hideuse laissant un sillon de mort et de destruction dans son passage. Il ne pouvait pas l'entendre mais l'air était rempli des cris de l'humanité qui compris collectivement que la Terre avait un nouveau maître. Ils avaient bel et bien joué à Dieu, ils ont changé le monde.
Tout ce que Josué pouvait faire à cet instant, était de continuer à rire.
FIN
Ecrit par Louis JENSSENS (2023) - Synthétisé en 2025